Cet hiver, allons marcher aux puces !
Appel à participation pour l'enquête Puce des neiges Boreus hyemalis
Alors que la saison appelle à la diapause hivernale traditionnelle des entomologistes, une petite espèce, encore trop peu connue et trop peu prospectée dans nos territoires, nous invite à troquer notre repos saisonnier pour des chaussures de marche et une loupe, afin de retourner sur le terrain durant ces périodes pourtant peu propices à la balade naturaliste.
Boreus hyemalis est un insecte de l'ordre des Mécoptères, souvent appelé « puce des neiges », même si d’autres insectes peuvent partager cette appellation. Il est de petite taille (environ 4 à 5 mm). Son corps sombre et robuste à reflet métallisé a des ailes fortement réduites chez le mâle, voire totalement absentes chez la femelle (photos 1 et 2). Ses antennes fines et longues ainsi que le rostre typique des Mécoptères écartent tout risque de confusion avec d’autres ordres d’insectes.
Photo 1 – Raphaël HAENTJENS (mâle)
Photo 2 – Laurent ROUSCHMEYER (femelle)
Actif durant les mois froids, il s'observe généralement de décembre à février, quand la température frôle le zéro.
Son habitat privilégié semble être les forêts de conifères et les forêts mixtes, plus particulièrement dans les zones ombragées et humides. Il est contacté en général à même le sol. Son appellation vernaculaire vient du fait que l’espèce est généralement plus facilement observable sur le tapis neigeux. La coloration sombre des individus contrastant avec le blanc de la neige, la recherche s’en trouve ainsi grandement facilitée.
L’insecte est dépendant de la présence de mousses pour compléter son cycle biologique (principalement Polytrichum sp., Dicranum sp. et Mnium hornum pour nos camarades bryophytologues). La larve y vit, s’y nourrissant exclusivement. Il est donc possible de rechercher les individus directement sur la mousse, même si la taille et la coloration générale de l’espèce rend l’exercice délicat. La pratique du tamisage de litière peut aussi fournir des individus, mais elle est hasardeuse eu égard aux surfaces à explorer.
L’espèce semble encore assez méconnue : à peine plus d’une centaine de données en France métropolitaine (consulter la carte in Tillier et al., 2011)
Comment rechercher l'espèce ?
Afin de mener vos prospections, il est conseillé (d’après la bibliographie) :
1) de cibler principalement des zones avec des mousses, directement dans des forêts. Il faudra rechercher, soit directement sur la mousse, soit comme nous le conseillons vivement, sur le manteau neigeux dès qu’il est présent.
2) La prospection est idéale par temps calme, après une légère chute de neige. Les individus ont tendance à sortir et se positionner sur la neige lorsque les températures avoisinent ou dépassent les 0°C. Si les températures deviennent trop froides, les individus auront tendance à se cacher entre la couche de neige/la mousse et le substrat, et les trouver devient très ardu. Privilégiez plutôt le milieu de journée, avec une légère couverture nuageuse.
Les infos à transmettre
Si vous rencontrez l’espèce, rien de plus simple : il suffit de transmettre les données dans Faune-Grand-Est*.
Préciser a minima :
En complément, n’hésitez pas à ajouter :
Voir la carte récente https://www.faune-grandest.org/index.php?m_id=30962
*Note :
L’onglet Mécoptères est accessible à tous dans l’application Naturalist’ . L’espèce y est enregistrée sous son nom scientifique uniquement.
Via le portail www.faune-grandest.org, l’onglet Mécoptères n’est pour le moment accessible qu’en accès limité. Si vous souhaitez saisir par le portail, mais de faire au préalable une demande pour disposer d’un accès complet à cet onglet (à raynald.moratin@odonat-grandest.fr).
Boreus, oui... mais laquelle ?
Un débat existe actuellement sur le fait qu’une seconde espèce du genre Boreus, B. westwoodi (signalée du Luxembourg et de Rhénanie-Palatinat) cohabiterait avec B. hyemalis dans la région.
En l’absence d’une caractérisation concrète de la différence entre ces deux espèces d’un point de vue génétique, et en l’absence de preuves formelles de la présence de B. westwoodi en France, nous suivons la recommandation de Tillier en proposant de saisir toutes les observations sous le nom d’espèce Boreus hyemalis.
La détermination des Boreus à l’espèce sur le terrain, basée sur des critères morphologiques, est complexe et hasardeuse.
Si vous souhaitez faire avancer cette question, vous pouvez donc prélever certains spécimens (après avoir enregistré la donnée correspondante). Ceux-ci doivent être déposés/transmis, proprement étiquetés, à Imago 8 rue Adèle Riton 67000 STRASBOURG.
La découverte et la caractérisation claire et définitive de B. westwoodi seraient une avancée dans les connaissances naturalistes des Mécoptères de France.
Vous avez dit Puces sur la neige...
Même si un observateur attentif ne pourra les confondre avec des Boreus, d’autres espèces nivicoles peuvent être rencontrées lors de vos prospections. Soyez attentifs !
Il est possible que vous croisiez des Diptères du genre Chionea (Chionea lutescens - photo 3, qui semble la seule espèce présente en Grand Est), ou encore des collemboles nivicoles beaucoup plus petits, tel Hypogastrura nivicola - photo 4).
La rencontre d’une de ces espèces demeure intéressante, et est à enregistrer.
Photo 3 : Chionea lutescens (P. Šrámek)
Photo 4 : Hypogastrura nivicola (Mary HOLLAND)
Même si un observateur attentif ne pourra se tromper, il convient donc d’être vigilant. De plus, la rencontre d’une de ces espèces demeure une information intéressante, et nous vous demanderons de transmettre également cette donnée.
Bibliographie